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Purge, de Sofi Oksanen, un roman très très bien

  • Photo du rédacteur: Blandine Chabot
    Blandine Chabot
  • 20 sept.
  • 3 min de lecture
couverture du roman Purge, de Sofi Oksanen
Le roman Purge, de l'auteure finlandaise Sofi Oksanen

J'ai adoré le temps passé avec cette jolie brique rose nommée Purge, de Sofi Oksanen, une auteure finlandaise douée, et un personnage coloré si je me fie à ses photos sur Google. Et puisque j'ai énormément de respect pour le métier de traducteur, je tiens à citer le nom de celui qui m'a permis de lire ce livre dans ma langue maternelle : Sébastien Cagnoli.


L'auteure Sofi Oksanen
L'auteure finlandaise Sofi Oksanen (crédit photo : nordique.zonelivre.fr)

Zara la jeune prostituée chez Aliide la vieille paysanne


Purge est le troisième roman de Sofi Oksanen et il a gagné trois prix littéraires. On y suit les histoires de deux femmes que plusieurs décennies séparent et qui ont toujours vécu à des milliers de kilomètres l'une de l'autre, jusqu'à un certain jour, où la plus jeune se retrouve, en piteux état, dans le jardin d'Aliide, la plus vieille. Cette rencontre a lieu dès les premières pages du livre.


Nous comprenons rapidement que Zara, la jeune femme, n'est pas là par hasard. S'ensuivent des va-et-vient entre les époques pour comprendre le lien entre Aliide et Zara ainsi que leurs histoires respectives. Tout est raconté avec beaucoup de sensibilité, de réalisme et de détails. C'est donc avec aisance que je me suis téléportée dans le repère d'un proxénète à Berlin dans le début des années 90, et dans une ferme en Estonie, dans les années 50/60. J'ai été divertie mais aussi instruite, car l'auteure, dont la maman est Estonienne, utilise abondamment une période - douloureuse - de l'histoire de l'Estonie dans la structure de son roman.


Les autres aussi commencèrent à couvrir leurs fenêtres contre les espions, quoique avec des demi-rideaux, mais c'était suffisant pour masquer ce qui se passait à l'intérieur. Sans aucun doute, beaucoup avaient compris pourquoi elles avaient choisi de grands rideaux, mais ceux qui comprenaient tenaient leur langue.

Sofi Oksanen dissèque probablement l'âme humaine dans sa tête avant de s'asseoir devant son ordinateur. Elle y regarde ce qui est laid, ce qui est beau, et en parle ensuite avec habileté à travers la personnalité de ses personnages. Elle réussit ainsi à nous foutre la nausée en décrivant d'épouvantables épisodes de jalousie et de trahison, nous émeut en évoquant la volonté de rester digne et physiquement présentable à tout prix suite à un viol, et nous inspire en insufflant courage et espoir en l'avenir à une prostituée dont la vie est pourtant un enfer.


Le boss portait deux puissantes chevalières et du Kouros. Manifestement, il n'avait pas lavé son organe depuis plusieurs jours, il avait des boulettes blanches sur les poils.

Le roman Purge, de Sofi Oksanen, quatrième de couverture
Purge, roman de Sofi Oksanen, quatrième de couverture

Kiffer les coulisses du sirop de betteraves


J'ai sincèrement kiffé les passages décrivant la vie de paysanne en Estonie, où il est notamment question de faire du sirop de betteraves. Réussir ce sirop est une obsession pour la soeur d'Aliide, elles le préparent ensemble en grande quantité, et l'auteure décrit si précisément ce processus et cette manie de la soeur, cette pression mise sur Aliide pour que le sirop soit une réussite, qu'on a nous-mêmes les mains et l'intérieur des ongles tachés de mauve, l'odeur de la betterave sur nous, et la crainte que la cuisson échoue.


Kiffer aussi les errances d'une mouche dans une cuisine


En résumé, Sofi Oksanen est comme une vieille âme, qui a tout compris aux humains, qui semble avoir vécu beaucoup de choses, et qui écrit magnifiquement. Elle propose des scènes a priori très ennuyantes de façon passionnante, comme le parcours d'une mouche dans sa cuisine. C'est d'ailleurs avec cette description qu'elle a choisi d'amorcer son roman, et c'est avec cette scène que je me suis immédiatement dit que j'allais aimer ce livre, intuition qui s'est confirmée durant 395 pages.


Bref, j'ai beaucoup aimé Purge. J'ai d'ailleurs découvert par hasard qu'il fait partie selon Télérama des 25 chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale qui vont marquer le XXIe siècle.


PS : mot cool avec lequel j'ai fait connaissance dans Purge grâce à Sofi Oksanen : papirossa. Je suis sincèrement fan de la sonorité de ce mot, qui désigne un petit tube dans lequel on met du tabac. Une variante de la cigarette quoi.




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